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sept. 2024Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 à Paris
Publié il y a 2 mois par Roseline COUATARMANACH
Les Jeux Olympiques et Paralympiques vécus et racontés par Martine Watrice, Juge Arbitre Marche et Marathon lors de ces Jeux.
Par Martine WATRICE
Juge arbitre sur la marche, les marathons JO et marathon Paralympique PARIS 2024
Les Jeux Olympiques ça ne se raconte pas, ça se vit !
(Cependant, je vais essayer)
Tout a commencé en septembre 2023 quand le Président de la Commission Nationale Running m’appelle pour me demander si participer aux JO et aux paralympiques, m’intéresserait !
La réponse fut sans même réfléchir, oui bien sûr ! Nous avons discuté de mon parcours de juge, de mes connaissances en anglais et il me dit vous serez sur une liste que je présenterai au COJO (Comité Organisation jeux olympiques) .
Le 20 décembre, je recevais une lettre de mission « vous serez Officiel Technique National « aux JO sur le marathon Homme, marathon Femme et la marche, et le relais marche ainsi que sur le marathon paralympique.
J’avais du mal à admettre que c’était bien de moi qu’il s’agissait ! oui moi.
C’était magique !
A partir de janvier, j’ai eu des documents à signer, pour la confidentialité, pour la retenue envers les athlètes, pour ne pas divulguuer les plans des sites.
Ensuite toutes les 3 semaines, j’ai eu des visios avec les juges retenus comme moi avec les organisateurs. Une organisation très très au point où j’apprenais au fil des semaines mon rôle, la tenue à respecter, la confidentialité, la prise en charge, les déplacements, les autorisations, etc…. Tout s’est fait sur plusieurs mois où chaque fois j’avançais petit à petit dans cet univers incroyable.
Le 29 juillet je partais à Paris pour une aventure hors du commun. Accueillie comme une VIP à la Gare Montparnasse, j’allais récupérer les vêtements officiels des JO. Polos gris, pantalons, chaussures, panama, chaussettes, chemises blanches.
Il y avait un dress-code : pour les reconnaissances du parcours et les réunions : pantalons, polos gris, chaussures et chaussettes grises. Pour les jours de compétitions : pantalons noirs, chemise blanche, chaussettes noires, panama.
J’étais logée dans un hôtel à 2km du stade de France où, avec mon accréditation lors de mes jours de repos je pouvais rentrer voir les compétitions. Ce stade toujours plein, la ferveur le matin et en soirée était incroyable. Une ambiance phénoménale et lorsqu’un français était sur le stade, c’était de la folie !!! Quelle ambiance !
Un souvenir que je n’oublierai jamais, c’est le 10.000 m où Jimmy Gressier, un athlète que j’affectionne représentait la France. Hélas il a pris la 13ème place mais battu le record de France. A l’arrivée tout le monde s’est levé et criait «Jimmy, Jimmy, Jimmy». Il a effectué plusieurs tours de piste, tout le monde avait les larmes aux yeux ! Quelle émotion !
Les 1er et 6 août, j’étais juge sur la marche au Pont d’Iéna. Nous étions présents sur le site dès 5h du matin afin de ne rien laisser au hasard, tout était chronométré, millimétré afin que tout soit prêt. Chacun avait un rôle bien établi. Moi, je devais accompagner les marcheurs sur la ligne de départ en remontant tout le Pont d’Iéna. Et là, j’étais remplie d’émotions. En face de nous des centaines de photographes, des centaines de télévisions, la presse, les coaches et les supporters de tous les pays, c’était énorme !!!!
J’étais sur le parcours afin de vérifier que tout se passait bien et à l’arrivée je dirigeais les marcheurs vers les journalistes et la télévision de leur pays.
Les 9 et 11 août, j’étais sur les 2 marathons Hommes et Femmes. Mon rôle était de les accompagner sur la ligne de départ après être passés dans la cour de l’Hôtel de Ville et de m’assurer que tous les coureurs étaient bien présents.
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Ensuite, au départ, je m’assurais que tout se passe bien jusque dans les 100 m. Puis nous avons pris un bus qui nous a amené aux Invalides afin de les accueillir à l’arrivée.
Nous avons eu des péripéties avec le bus, car les forces de l’ordre n’avaient pas ce numéro de bus à 2 km de l’arrivée et ne nous laissaient pas passer sans autorisation.
Après 30 minutes d’attente, nous avons décidé de continuer à pied, afin d’être à l’heure à l’arrivée. Il aurait été un comble que les juges ne soient pas présents ! Le stress est un peu monté à ce moment-là !
J’en profite pour rendre un immense hommage aux forces de l’ordre qui étaient très présentes, très efficaces et j’ai pu me promener dans Paris, assister à de nombreuses compétitions sans être jamais inquiétée.
Il faut aussi parler des 45.000 volontaires en vert, qui sillonnaient tout Paris pour le bien être des visiteurs, des étrangers, pour les guider, les renseigner, les aider et tout ça avec le sourire.
Je repartais le lundi 12 août après 15 jours de JO à Paris. J’étais dans une bulle, je voyais que quelque chose se terminait et j’avais les larmes aux yeux. Les 2 premiers jours ont été difficiles car on me demandait de raconter mais…. je n’avais rien à raconter. Je ne savais pas quoi raconter ! Impossible ! Tout m’appartenait et il était difficile de faire ressentir les émotions vécues ! J’ai parlé de certains « passages « de mon aventure mais pas tout car j’en étais incapable.
JO PARALYMPIQUES
Je savais que j’allais repartir du 5 au 9 septembre aux paralympiques et que j’allais vivre une autre aventure.
Le 5 septembre je pars à St Denis 93 au Village paralympique car cette fois-ci les juges sont logés au Village. Il m’a fallu ½ journée pour en faire le tour et apprivoiser les lieux. Un immeuble pour chaque pays avec les drapeaux du pays, un restaurant immense de 3 étages pour les athlètes, un restaurant dédié aux juges, une poste, 2 magasins et bien sûr une boutique souvenirs JO.
Tous les pays étaient présents et les athlètes se promenaient dans l’enceinte du village très protégé.
Quelles leçons d’humilité, quelles leçons de vie ! Les athlètes en fauteuil
faisaient des courses entre eux dans les virages des routes du village. Ils
étaient très solidaires entre eux et avaient sur le visage la joie de vivre ensemble, d’être présents dans ce monde exceptionnel des JO.
Au stade plusieurs écoles de la France entière ont pu venir assister à des compétitions avec leurs accompagnateurs. Les enfants étaient heureux de
pouvoir faire partie des privilégiés accédant au magnifique Stade France.
Les athlètes paralympiques étaient très étonnés et ravis d’avoir autant de
supporters, les weekends le stade était rempli.
J’ai été juge à l’arrivée du marathon paralympique le 8 septembre avec 3 autres juges français et les juges internationaux. Ce fut une première car un juge international m’a donné la mission de regarder la ligne d’arrivée spécialement et de vérifier que l’accompagnateur du coureur avait toujours le lien avec le coureur et que les pieds du coureur franchissaient bien la ligne d’arrivée avant son accompagnateur. C’était extrêmement angoissant et hélas 2 athlètes ont été disqualifiées à cause du règlement non respecté. La vidéo des arrivées a été demandée par le juge international en chef et le verdict a été sans appel.
Une journée très spéciale, encore pleine d’émotions.
Tous les juges français, devenus amis pour certains durant cette période estivale exceptionnelle se sont séparés avec un gros pincement au cœur et après avoir noté les numéros de téléphone des uns et des autres
Les JO PARIS 2024 se sont terminés le dimanche 8 septembre 2024
Martine Watrice
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